Il est admis le 11 octobre 1882 à l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris à 15 ans. Rapidement, il se fait remarquer à travers diverses récompenses. Admis à l’Ecole nationale des beaux-arts, il tente à plusieurs reprises d’obtenir le titre de D.P.L.G. (diplôme par le gouvernement).
Agé de trente ans, il atteint la limite d’âge au delà de laquelle il n’est plus permis de se présenter au diplôme. Déçu et amer, il est cependant bien trop orgueilleux pour reconnaître son échec.
Ses débuts
Dès sa seconde année dans l’Ecole nationale des beaux arts en 1888, il reçoit une commande pour la construction au 148, quai d’Auteuil du Café Neptune. La première œuvre importante date de 1891. C’est un hôtel particulier situé au cœur d’Auteuil, 34 rue Boileau, construit pour Charles-Camille Roszé. Même s’il se réfère à la villa classique à « l’italienne », par ses volumes cubiques et ses toits couverts de tuiles à faible pente, l’hôtel Roszé s’impose comme une œuvre personnelle où s’exprime de manière affirmée les orientations de Guimard : volonté d’animer les façades et de traduire à l’extérieur des fonctions spécifiques des espaces internes en variant matériaux, volumes et décrochements, en diversifiant la forme et les dimensions des ouvertures.
Quelques années plus tard, l’élaboration du projet de l’hôtel Jassedé sera le terrain d’expériences nouvelles et décisives, notamment par la conception d’un mobilier en accord avec son architecture. A la demande de la Société des immeubles propres à l’éducation et à la récréation de la jeunesse, Hector Guimard élabore le projet de l’école du Sacré-Cœur destinée à l’instruction religieuse de 150 garçons. Alors qu’il dresse les plans de l’école du Sacré-Cœur en février 1895, il achève le premier projet de ce qui va se révéler être l’étape décisive de sa carrière : le Castel Béranger.
Le Castel Béranger
En septembre 1895, une autorisation est délivrée à Hector Guimard pour entreprendre la construction, au 14, rue La Fontaine, de trois bâtiments d’habitation. En décembre 1896, il est pratiquement achevé. Hector Guimard pu exercer librement son talent, s’inspirant des principes de Viollet-le-Duc, la seule condition de la propriétaire ayant été l’assurance d’une rémunération fixe du capital engagé.
Il exclut totalement la planéité et la symétrie, qu’il condamne en raison de leur caractère mensonger : « La symétrie n’est nullement une condition de l’art, comme plusieurs personnes affectent de le croire ; c’est une habitude des yeux, pas autre chose ».
Exprimées par des projections, des retraits, des saillies, les articulations des façades se révèlent non seulement d’une lecture aisée, mais expriment également le strict rapport qui existe entre elles et l’agencement intérieur.
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De manière générale, voire systématique, dessins et dimensions des ouvertures traduisent une hiérarchie, tempérée par le jeu coloré des matériaux. A ces principes esthétiques s’ajoutent des principes économiques. Guimard n’a en effet à aucun moment perdu de vue le fait qu’il construit un immeuble à loyers modérés. Aussi la pierre de taille, indispensable mais onéreuse, ne peut qu’avoir une place restreinte ; elle assure la construction des parties du gros œuvre qui ont le plus besoin de résistance. Elle est plus largement dispensée sur la façade principale, là où se portent les regards. En revanche, la meulière, d’un coût peu élevé, est réservée au bâtiment en retour sur le hameau et aux façades sur cour. Quant à la brique rouge, grise ou émaillée de tons verts, bleus et roses, elle apparaît là où sa présence ne nuit pas à la solidité de l’édifice, c’est-à-dire dans les ailes qui offrent le plus de légèreté.
Le désir de l’économie joint à la volonté de ne rien dissimuler des nécessités de la construction amènent aussi Guimard à renoncer, à l’intérieur, au plâtre recouvrant les plafonds : les hourdis, barrés de poutrelles métalliques qui les soutiennent, sont laissés apparents, et la structure métallique acquiert une valeur décorative. Et de fait, il règne à l’intérieur une toute aussi grande variété qu’à l’extérieur. Ce que les appartements ont en commun, c’est le soin avec lequel la distribution des pièces a été étudiée. Il témoigne d’une préoccupation essentielle de l’architecte qui est de ne pas perdre de place et d’assurer des conditions optimales d’aération et d’éclairage. |

Les autres bâtiments
De 1898 à 1900, les différents entreprises d’Hector Guimard exploite au mieux l’un des traits dominants de l’Art nouveau qu’est la fusion de la structure et du décor. Il s’exprime entre autre dans la gare de la Bastille démantelée en 1962, la villa de Garches (détruite) ou encore le Castel Henriette (détruit).
Mais l’œuvre la plus impressionnante d’Hector Guimard est certainement la salle Humbert de Romans, la plus grande salle de concert à Paris après celle du Trocadéro pouvant contenir entre 1200 et 2000 spectateurs. Achevée en novembre 1901, la salle bénéficie d’une excellente acoustique. Le caractère spectaculaire de l’intérieur, dû à l’épanouissement lyrique et puissant des ramures de la charpente et à l’aspect aérien des balcons en porte-à-faux, s’efface complètement à l’extérieur. Guimard y a appréhendé et résolu les problèmes spécifiques d'une grande salle de spectacle « moderne » : acoustique, visibilité et circulation.
Le Métropolitain
L’approche de l’Exposition universelle de 1900 précipite la réalisation d’un projet plusieurs fois remis, celui de doter Paris d’un chemin de fer souterrain. Un concours pour l’édification des entrées du Métropolitain est ouvert en août 1899. Les architectes primés qui ont repris la plupart sans grande originalité le thème du chalet pittoresque, n’obtiennent pas la commande.
Pressé par le temps, le Conseil d’administration de la compagnie confie à Guimard le soin de composer de nouvelles entrées. (Place de la Bastille et Place de l’Etoile).Guimard réussi dans un délai étroit à réaliser les plans des entrées de Métro. Il parvient à élaborer une série modulaire et standardisée s’adaptant, par les multiples combinaisons possibles de ces éléments, aux nécessités des divers sites. Ces édifices se révèlent être l’une de ses créations les plus pures, où le modèle végétal ne se devine plus qu’à peine dans une forme d’une rare élégance.
De nombreuses œuvres d’Hector Guimard furent malheureusement détruites tandis que des styles plus fonctionnels prirent place. |
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